L'essentiel sur les sciences participatives
Les sciences participatives révèlent une forte diversité, mais elles partagent un objectif commun : produire des connaissances scientifiques en associant professionnels de la recherche et citoyens, avec l’appui de partenaires (le plus souvent associatifs) qui facilitent la mise en œuvre des projets. Les définir reste difficile ; et il convient de souligner que chaque approche de sciences participatives est singulière.
Il vous appartiendra d’explorer sur le portail cette diversité d’acteurs et de projets et cette richesse de démarches participatives ; et pourquoi pas de participer à l’un des programmes ou observatoires qui y sont présentés !
Bonnes découvertes et bonnes interactions !
Une définition rassembleuse
Les sciences et recherches participatives sont des formes de production de connaissances scientifiques auxquelles participent, avec des chercheurs, des acteurs de la société civile, à titre individuel ou collectif, de façon active et délibérée
Cette définition permet de rassembler l’ensemble des modalités de participation dans des projets de recherche en soulignant leurs points communs. Elle émane du rapport « Les sciences participatives en France » de François Houllier, élaboré en 2016 à la demande du Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Elle figure aussi dans la Charte des sciences et recherches participatives en France signée le 20 mars 2017.
Une profusion de formes
Les sciences participatives sont un phénomène mondial et se déclinent au pluriel. La grande richesse de disciplines, de sujets, d’acteurs, de méthodes et de finalités est une caractéristique de ce secteur, qui s’appuie sur une diversité de pratiques et d’ancrages théoriques qu’il est nécessaire de reconnaître.
De nombreuses tentatives de dénomination existent (sciences participatives, sciences collaboratives, sciences citoyennes, recherches collaboratives, recherches participatives…). Nous citerons ici les trois grandes familles (« Les sciences citoyennes* », « la community based research » et les « recherches participatives ») établies dans le rapport Houllier à partir de l’analyse scientométrique réalisée (cf Annexe 3 du rapport Houllier, 2016).
Les sciences citoyennes * | La community based research | Les recherches participatives | |
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Objet | Contribution des citoyens-amateurs à la collecte et à l’analyse de données (scientifiques, amateurs) | Collaboration entre chercheurs et groupes concernés pour diagnostiquer et résoudre des problèmes qui les affectent (communautés, minorités, familles, chercheurs) | Collaboration entre chercheurs et groupes de citoyens ou de professionnels pour résoudre des problèmes (professionnels, utilisateurs, associations, coopératives, chercheurs, médiateurs) |
Histoire | Très longue tradition de la participation des amateurs à la production des sciences naturalistes et aujourd’hui développement d’une forme de “curiosité équipée” | Tradition longue aux Etats-Unis, en santé publique, au Canada, en relation avec les communautés indigènes | Tradition longue pour le développement. Différentes approches influencées par des traditions intellectuelles (Kurt Lewin, Paolo Freire, Robert Chambers etc.) |
Moteur | Curiosité et volonté d’impact aujourd’hui amplifiées par les TIC et le crowdsourcing | Amélioration des conditions d’existence ou d’exercice particulières de la communauté | Contribution à relever des défis sociaux ou scientifiques, soutenus parfois par degrandes organisations internationales (ex. Banque Mondiale) |
Objectifs | Produire des connaissance et indicateurs, éduquer les citoyens aux méthodes scientifiques | Produire des connaissance et actionables, favoriser l’empowerment (capacitation) | Produire des connaissances actionnables dans une perspective d’innovation et de transformation sociale |
Domaines principaux | Environnement, astrophysique, biodiversité | Santé publique, éducation, travail social | Agriculture, gestion des ressources naturelles, questions urbaines |
* À noter que le vocable « sciences citoyennes » est surtout utilisé dans certains contextes pour désigner des démarches sans professionnels académiques. Du reste, cette catégorie « sciences citoyennes », présentée ci-dessus dans la 2 e colonne, est aujourd’hui plutôt désignée par le vocable « sciences participatives ».
Différents types d’acteurs essentiels dans la mise en œuvre de programmes
Les sciences participatives impliquent bien souvent trois types d‘acteurs :
- les chercheurs;
- les « partenaires » en-dehors de la recherche académique : les acteurs locaux (collectivité, entreprise…), les acteurs institutionnels, les acteurs associatifs… etc
- les participants : les citoyens, les contributeurs, les acteurs de la société civile, le public scolaire et étudiant…
Les porteurs de projets peuvent être les chercheurs tout comme les partenaires associatifs. Tous les cas de figure sont possibles.
Les liens qui unissent ces trois types d’acteurs sont essentiels dans la mise en œuvre de programmes de sciences participatives. Cette coordination partagée et la dynamique de partenariat garantissent une conduite de projet optimale à partir du moment où la reconnaissance de chacune des trois parties est valorisée de façon significative. Elle devient l’essence même des sciences participatives.
Principaux enjeux des sciences participatives
Les principaux enjeux des sciences participatives consistent à (Chlous, 2018) :
- Produire des connaissances,
- Permettre l’empowerment des participants ou des acteurs de la société civile et
- Mettre à disposition les informations co-produites ou collectées collectivement.
La hiérarchie de ces enjeux peut être variable en fonction des acteurs.
La diffusion et la valorisation des résultats sont facilitées par l’essor du numérique et le développement d’outils dynamiques de visualisation des données et résultats.
Le développement des sciences participatives participe aussi du mouvement de la science ouverte qui encourage le partage de résultats et change considérablement l’accès aux connaissances.
Les parties précédentes ont tenté de présenter la diversité des définitions des sciences participatives, les différents acteurs et les principaux enjeux. Il convient aussi de préciser ce que les sciences participatives ne sont pas. En l’occurrence, elles ne sont pas uniquement de l’éducation, ou de la sensibilisation ou de la production de connaissances (Chlous, 2018).
En guise de conclusion
Les sciences participatives ont évolué et ont connu une croissance récente forte, marquée par une grande diversité dans les méthodes et pratiques, dans les publics impliqués, ou encore dans les sujets traités. Des évolutions et transformations des activités de recherche sont encore à prévoir et de nouvelles pratiques de participation devraient voir le jour. Les sciences participatives sont en constante évolution.
Les projets présentés sur le Portail Science Ensemble se déclinent, effectivement, en une diversité de démarches participatives : Annotations ; Co-constructions du protocole/outils de mesure ; Collectes et saisie de données ; Contributions de contenus ; Descriptions ; Documentations ; Ecoutes sonores ; Fouilles ; Identifications ; Indexations ; Jeux ; Muséologies ; Pratiques amateurs ; Signalements; Reconstitution d’expérimentations, Restitutions ; Suivis ; Transcriptions ; Validations…
A travers ce Portail Science Ensemble, nos objectifs sont :
- de faire connaître les sciences participatives ;
- de favoriser la production commune de connaissances scientifiques à travers des pratiques participatives;
- d’accorder une attention particulière à la création de relations tangibles science-société ;
- de favoriser les échanges entre porteurs de projets de sciences participatives ;
- et de relever le défi de l’intelligence collective, en cherchant ensemble !
Bonnes futures interactions avec les personnes investies dans les projets présentés sur ce portail et bonnes futures expériences participatives en sciences !
Références :
Rapport Les sciences participatives en France, François Houllier, 2016
Conférence introductive à la Journée Thématique des Sciences Participatives du Muséum national
d’histoire naturelle et de
Sorbonne Université, Frédérique Chlous, Novembre 2018